Comment augmenter vos chances de financer votre reprise agricole ?

1-Se préparer

Avant d’aller rencontrer des partenaires financiers, il est important de bien se préparer. D’abord, il s’agit de bien connaître l’entreprise à reprendre :

• Disposer des 3 derniers bilans afin de connaître l’actif que je reprends,
• Réaliser une étude prévisionnelle pour savoir vers quoi vous souhaitez aller. Le prévisionnel doit présenter :
  • la rentabilité du projet permettant la reprise de l’exploitation,
  • les investissements prévus (matériel, travaux, …),
  • la stratégie de commercialisation, les débouchés,
  • la stratégie juridique et financière.
• Réaliser une étude de marché et notamment dans le cas d’une activité de diversification (transformation, accueil, vente directe …)
• Etudier le temps de travail sur l’ensemble des activités de l’exploitation et l’organisation du travail entre les différentes personnes.

Ensuite, votre partenaire financier aura besoin de connaître votre situation personnelle. Il vous demandera de lui donner votre dernier avis d’imposition et de lui indiquer si des prêts bancaires sont déjà en cours.

Enfin, la communication et la présentation que vous allez faire de votre projet et de vos motivations sont primordiales. Présentez le projet de manière claire et lisible dans un dossier qui reprend tous les éléments cités ci-dessus et qui présente également votre parcours, vos formations, votre expérience. Vous pouvez également joindre des photos de l’exploitation.

2-Diversifiez ses sources de financement

• Compter sur son apport personnel

Pour créer ou reprendre une exploitation agricole, il est nécessaire d’avoir un apport personnel suffisant. Pour maximiser vos chances d’obtenir un prêt, on estime que l’apport personnel doit être à hauteur de 10 à 30 % du montant global de besoin de financement (investissements et Besoin en Fonds de Roulement). Pour cela, recensez vos possibilités d’apport de fonds propres, c’est-à-dire votre épargne personnelle constituée à partir de vos placements, une assurance vie ou de donations. L’apport personnel reste la solution idéale pour réduire le recours à l’endettement et pour augmenter votre marge de sécurité.

Dans le cas où votre apport personnel est légèrement en dessous du seuil requis : il faut que d’autres critères soient favorables. Il peut par exemple s’agir de la viabilité de votre projet ou de votre situation financière et patrimoniale personnelle. Nous vous conseillons de présenter des garanties pour appuyer votre demande de prêt. 

• Solliciter l’aide de sa famille et de l’entourage

Ensuite, vous pouvez éventuellement compter sur l’aide de votre famille et de votre entourage sous forme de donations ou de prêts à taux modérés. Présenter le projet à votre famille. De plus, cela vous servira d’entraînement pour vos prochaines présentations. Identifier ce qu’ils ont compris ou non. Cela vous permettra de gagner en confiance. L’engagement familial est un atout pour le financement de votre projet. Il renforcera les capitaux permanents de votre exploitation avec des conditions favorables. De plus, les partenaires banquiers seront rassurés de voir que les proches partagent le risque. Notez que cette aide peut également prendre la forme d’une caution.

• Utiliser ses revenus de salaire différé

Si vous êtes âgé de plus de 18 ans et avez participé directement et effectivement aux travaux de l’exploitation familiale sans recevoir de salaire et sans être associé aux résultats de l’exploitation, vous pouvez obtenir un salaire différé, exempt de l’impôt sur le revenu qui viendra financer la reprise de l’exploitation.

• Percevoir son intéressement grâce au contrat d’associé d’exploitation

Si vous êtes âgé de 18 à 35 ans, vous avez la possibilité de passer, avec un membre de votre famille qui est exploitant agricole, un contrat d’associé d’exploitation (cf fiche 12 du Guide Boîte à outils pour passer le relais en agriculture). Ce contrat vous permet de percevoir un intéressement aux résultats de l’exploitation, qui peut vous être versé régulièrement où être accumulé sur un compte en prévision du financement de votre future installation.

Bénéficier d’aides directes

Dans le cadre d’un projet d’installation agricole, vous pouvez bénéficier d’aides directes via la DJA (Aide Jeunes Agriculteurs à partir du 1er avril 2024) ou l’ARSI. Des collectivités peuvent être proposer des aides. Retrouvez tout le détail de ces aides sur cette page .

• Profiter d’un prêt d’honneur

Des organismes tel qu’Initiative France peut mettre à disposition des fonds sans garantie personnelle et avec un taux d’intérêt à 0 %. Le montant prêté et les modalités de remboursement varient selon l’organisme prêteur. Retrouvez toutes les infos dans la fiche 6 du guide Boîte à outils des solutions de financement.

• Obtenir un prêt bancaire

Les banques continuent de prêter et demandent des éléments les plus concrets et chiffrés possibles pour étudier la faisabilité du financement. Vous pourrez échanger avec eux sur toutes les composantes du financement : le taux de crédit, les commissions cartes bancaires/services, les lignes court terme, l’assurance, les garanties, mais également la partie privée.

Dans le cas où votre apport personnel est faible : l’octroi d’un prêt bancaire professionnel semble compliqué. Mais ce n’est pas une raison d’abandonner ! L’échec n’est pas une fin en soit, il faut garder la tête haute et rebondir. Vous pouvez vous replonger dans votre prévisionnel économique et essayer de trouver d’autres solutions de financement.

• Rechercher des financements extra bancaires

Prêt vendeur, location-vente, crédit-bail, financement participatif et solidaire, portage du foncier, … il existe des financements complémentaires aux prêts bancaires. Parcourez la Boîte à outils des solutions de financement afin de les connaître et d’éventuellement en profiter.

3-Se faire accompagner

Pour maximiser vos chances de financer votre reprise, faites vous accompagner par une tierce personne qui vous aidera dans :

• La compréhension et la réalisation de votre prévisionnel financier
• Le montage juridique
• La réalisation d’une étude de marché
• La recherche d’une exploitation à reprendre
• La construction de votre plan de financement. Le plan de financement intégrera vos besoins (frais de dossier, honoraires notaire, montant acquisition, montant investissements, assurance de prêt, coût de la garantie) mais également vos sources de financement.

4-Alors, on commence quand ?

Avant de rencontrer vos partenaires bancaires, il vous faudra avoir trouver une exploitation à reprendre. « Il est urgent de prendre le temps ». Ne vous précipitez pas dans ce choix, il sera très important et décisif dans la construction de votre projet et notamment sur le plan financier.

Elaborez un retroplanning à partir de votre date de reprise. Définissez x jours pour la réalisation de travaux, x jours de démarches administratives, x jours de recherches de financement. Avec ce décompte, vous connaîtrez la date à laquelle vous devrez avoir fini de préparer votre dossier.